C’est là que commence la grande aventure du chocolat.
À l’origine, c’est en observant les singes et les écureuils sucer la pulpe rafraîchissante, qui enserre les fèves, que les hommes tentèrent l’expérience gustative.
Puis ils se mirent à consommer les rêves elles-mêmes.
Qui eut l’idée un jour de les griller et de les écraser pour en faire une pâte ? Nul ne le sait.
Au Mexique, un grand arbre aux gousses remplies de fèves blanchâtres pousse depuis plus de 3000 ans.
Cet arbre, le théobroma cacao du moins, porte t il ce nom aujourd’hui était connu par les Aztèques, les Mayas et les Toltèques.
Ils en tiraient une boisson amère et épicée.
Les Mayas l’appellent « cacahualt », la boisson des Dieux.
C’est cette boisson que l’empereur Moctezuma offre à Cortez lorsqu’il débarque au Mexique en 1519.
Christophe Colomb jeta par-dessus bord les fèves qu’il avait reçu des Amérindiens : l’explorateur les aurait prises pour des crottes de chèvre laissant ainsi à Hernán Cortés le privilège d’être le premier, en 1528, à en rapporter à ses maîtres d’Espagne.
C’est lors de la conquête du Mexique en 1519 que Cortés découvrit le breuvage chocolaté. La consommation de cacao fut très répandue chez les missionnaires et conquistadores du nouveau monde.
La découverte de la canne à sucre permis de rendre le chocolat moins amer et plus abordable à tous.
Cortés avait rapporté les premières fêves de cacao à Charles Quint, en 1528. Cependant, il fallut attendre les années 1580 pour que les conquistadores, qui jusqu’alors avaient gardé pour eux ce trésor, se résignent à envoyer des cargaisons de fèves en Espagne.
Dès lors, les premières chocolateries apparurent dans la Péninsule, et grâce aux échanges commerciaux, à la curiosité des voyageurs et au gré des mariages royaux, le chocolat chaud, boisson aristocratique, se répandit dans toute l’Europe.
Les Ports marchands des Flandres et des Pays-Bas (alors possession de Philippe Il d’Espagne) découvrirent le doux breuvage dès la fin du XVIe siècle, sans connaître cependant la recette du cacao, jalousement gardée par les Espagnols.
Celle-ci ne fut rapportée d’Espagne qu’en 1606, par le Florentin Antonio Carletti. Les médecins d’Italie l’adoptèrent alors rapidement comme fortifiant.
En France, on a longtemps affirmé que des chocolatiers juifs, chassés d’Espagne puis du Portugal et installés à Bayonne, y fabriquaient la délicieuse boisson dès 1609 ; rien n’est moins sûr…
Son introduction officielle fut l’oeuvre d’Anne d’Autriche, fille de Philippe III d’Espagne, qui épousa Louis XIII en 1615. La vogue du chocolat se poursuivit à Versailles sous Louis XIV et s’amplifia sous Louis XV.
Le premier artisan chocolatier français, David Chaillou, acquit pour vingt-neuf ans le privilège de vendre et de débiter le chocolat en liqueur ou en pastilles, et ouvrit la première boutique parisienne de « chocolat à boire » en 1671.
Venant d’Italie et traversant les Alpes, un savant introduisit le chocolat en Autriche en 1640, où il se propagea rapidement grâce aux moines.
Un autre savant, de retour de Naples, apporta la précieuse recette dans son Allemagne natale, en 1641.
Arrivé en Grande-Bretagne en 1657, le chocolat concurrença rapidement le café alors en vogue.
Dès 1674, le chocolat à croquer, vendu « en boudins à l’espagnol », y devint une confiserie populaire.
En 1097, s’ouvraient à Londres des « chocolate houses », établissements conviviaux dévolus à la nouvelle boisson à la mode.
Quant à la Suisse, elle fut le dernier pays d’Europe à connaître le chocolat, par le biais de marchands italiens, en 1750.
Mais il faudra attendre encore un siècle et demi, riche de découvertes techniques, pour que le chocolat achève sa conquête en se popularisant à travers toute l’Europe.
La première introduction du chocolat en Europe se fait à la cour du roi Charles Quint au xvie siècle.
Dès le xviie siècle, le chocolat devient une ressource très appréciée de l’aristocratie et du clergé espagnol. Le chocolat s’étend alors dans les autres colonies espagnoles comme les Flandres et les Pays-Bas.
En 1615, la France découvre le chocolat à Bayonne à l’occasion du mariage de l’infante espagnole Anne d’Autriche avec Louis XIII. Mais c’est Louis XIV et son épouse Marie-Thérèse d’Autriche qui font entrer le chocolat dans les habitudes de la cour du château de Versailles.
Le chocolat est alors consommé chaud sous forme de boisson comme le café.
Mais seule la cour du roi avait accès à cette boisson. Le peuple ne pouvait pas y accéder.
Créées au XVIIIe siècle à l’initiative des apothicaires, pour fabriquer des chocolats médicinaux, les chocolateries restèrent très artisanales pendant deux siècles.
Les progrès dus à l’énergie hydraulique et aux machines à vapeur, au début du XIXe siècle, permirent la production du chocolat à moindre coût, en grandes quantités, et favorisèrent le développement de véritables industries spécialisées.
La consommation de chocolat se répand parmi les nobles et les riches. Il fallait avoir bu le fameux breuvage provenant d’outre-atlantique.
La marquise de Sévigné dit du chocolat, dans ses Lettres, qu’il vous flatte pour un temps, et puis il vous allume tout d’un coup une fièvre continue.
Le chocolat restait l’apanage des plus riches.
La baisse du prix du sucre et du cacao, l’élévation du niveau de vie en Europe, et la diminution des prix de fabrication rendirent possible la démocratisation du chocolat, qui devint au début du XXe siècle l’aliment de base du petit déjeuner et du goûter des enfants. Menier et Poulain furent en France les pionniers de cette industrie chocolatière naissante qui rendit le chocolat accessible à tous.
Intransigeant sur la qualité, Émile-Justin Menier se donna les moyens de contrôler toute la filière de ses produits, depuis les plantations jusqu’à la distribution dans les épiceries.
Il mena en outre une carrière politique, et fut un patron progressiste, attentif au bien-être de ses ouvriers.
Victor-Auguste Poulain, pour qui prix bas pouvait rimer avec finesse du chocolat, sut toujours être à la pointe en matière de progrès techniques, et fut un novateur dans le domaine de la réclame.
Ailleurs en Europe, d’autres esprits inventifs bouleversèrent le monde de l’industrie chocolatière :
Le Hollandais Van Houten mit au point en 1825 le procédé de fabrication du cacao en poudre par extraction du beurre de cacao, qu’il compléta par la technique de solubilisation
Le Suisse Peter produisit en 1875 le premier chocolat au lait
L’Italien Caffarel créa la recette du gianduja, chocolat aux noisettes et aux amandes
Le Belge Neuhaus conçut la praline, puis le ballotin, devenu le traditionnel écrin pour nombre de bonbons de chocolat
Le Suisse Suchard connut un succès mondial, grâce notamment à sa célèbre tablette de chocolat au lait Milka.